Quelles neurosciences à l’Anthropocène ? Un projet de recherche par et pour les acteurs du domaines

Par Rémi Magnin
Julien Lefèvre (Institut de Neurosciences de la Timone, Atelier d’écologie politique d’Aix-Marseille) Manuel Mercier (Institut de Neurosciences des Systèmes, Atelier d’écologie politique d’Aix-Marseille) Daniele Schön (Institut de Neurosciences de la Timone, Atelier d’écologie politique d’Aix-Marseille)

Article révisé par les pairs

Résumé

Les neurosciences n’échappent pas à une interrogation sur la place de ses activités dans les grands bouleversements environnementaux actuels. Dans ce contexte, nous avons proposé un projet de recherche pour interroger le futur de notre domaine de recherche. Ce projet vise à questionner l’impact direct, et plus largement le rôle de ce champ de connaissance dans nos trajectoires collectives face à l’anthropocène, ainsi qu’à explorer ses attachements à des conditions matérielles potentiellement menacées. Nous proposons dans cet article d’explorer dans un premier temps l’héritage épistémologique des neurosciences, domaine qui pose déjà quelques soucis de définition. Il s’agit notamment d’une réduction de l’étude du cerveau au travers de métaphores issues des imaginaires technologiques dominants avec récemment les réseaux de neurones artificiels. Dans un second temps, nous nous concentrons sur la matérialité inhérente à l’activité scientifique, incarnée dans des machines IRM ou une infrastructure dédiée à l’IA, toujours plus puissantes et consommatrices de ressources, mais dont une large part des recherches est désormais tributaire. Nous mentionnerons ensuite certaines formes de représentation et d’idéologies induites par la recherche en neurosciences, qu’il s’agisse du pouvoir de l’imagerie ou d’une vision biologisante et néolibérale de la société. L‘orientation centrale de notre contribution sera de dévoiler une partie de l’enchevêtrement scientifique et technologique des neurosciences et de voir en quoi ce dernier est problématique pour envisager une soutenabilité du domaine, que ce soit sur le plan matériel, épistémologique ou idéologique. Enfin nous avancerons au moins deux pistes pour un futur des neurosciences au regard d’objectifs de redirection écologique: une politisation des directions de recherche, avec une large participation démocratique, tout en appelant à un renouvellement de la pluralité disciplinaire au sein des neurosciences.

Revue Œconomia Humana, 2(1), 2025, p.63-71


Redirection écologique - Revue Œconomia Humana - UQAM

La Redirection Écologique

Numéro 2 – 2025